Stephane Bellocine

Blog d'écrivain

Le temps des migrants


Le monde développé vit dans une bulle, celle de l’illusion du temps maîtrisé. Maîtrisé par la technologie. L’illusion du tout-technologique, qui nous mène à la catastrophe.
A l’abêtissement généralisé. A la perte de repères. A la perte du sens des réalités.
Cela conduit aussi à plus d’ignorance, plus de méfiance envers son prochain. Chacun, dans nos sociétés développées, veut conduire sa vie comme une entreprise.
Cela induit beaucoup de gâchis à l’échelle de la société, et encore plus à l’échelle du globe.
« Le calcul des coûts » de cette entreprise globale se fait en vies humaines, comme le disait l’économiste Nicolas Hayek. Vies humaines brisées, vies humaines n’ayant pas la possibilité même de vivre une vie décente.
La guerre et son cortège d’injustices, de déplacements forcés de populations entières, en est un exemple.
En Europe, certains peuples refusent même d’accueillir décemment ceux qui ont pourtant le droit à l’asile, comme ceux qui font du fond du cœur le choix de s’installer et d’embrasser la culture et les traditions du pays qu’ils choisissent pourtant parfois par idéal.
C’est oublier que l’histoire s’est faite et écrite par les transhumances. Le brassage des populations, sur le temps long, n’apporte que des bienfaits à tous et dans tous les domaines : économie, politique, société, culture.
La consanguinité, c’est la mort lente. C’est déjà le cas en biologie. Une espèce dont le patrimoine génétique ne se renouvelle pas est condamnée à la mort lente, elle serait incapable de se défendre contre une agression extérieure.
C’est le cas aussi pour les civilisations. L’innovation, l’imagination, l’audace ne peuvent éclore et exister que lorsqu’il y a échanges avec autrui, il faut sortir de sa caverne de Platon.
Le temps des migrants n’est pas un temps long.
C’est un temps de l’instant. Instant fait d’apprentissages, d’échanges, d’émotions, de douleurs…. Instants de vie. Instants et expériences qu’évoque sans cesse le Témoin du Temps.
Nous autres, spectateurs, vivons dans l’illusion du temps long comme je le disais, mais sans rien vivre du tout. Ou rien d’autre que le quotidien absurde d’existences formatées pour beaucoup d’entre nous.
Une autre illusion dangereuse consiste à croire que le refus du temps présent puisse s’imposer durablement.
L’histoire est comme le vent…elle avance dans le sens des hautes pressions vers les basses pressions.
Comme l’entropie, elle saura mettre les choses en ordre.
Il faut l’accepter. Sans cela, comme le disait Péguy, « aussi longtemps qu’il y a un homme dehors, la porte qui lui est fermée au nez ferme une cité d’injustice et de haine ».
Cité condamnée.

Stéphane Bellocine

Stéphane Bellocine

Ecrivain, philosophe, ingénieur, amoureux des Arts. Innovation & Entreprenariat. #letémoindutemps

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