Stephane Bellocine

Blog d'écrivain

Primaires… Ou primaire ?


 

Ces primaires dites de la gauche sont consternantes. Des débats parfaitement convenus, voire chorégraphiés, sans intérêt. Les candidats supposés s’affronter sur des idées, c’est le sens de la démocratie, échangent des banalités polies, tout en lançant des promesses à la face des citoyens. L’incantation est , on le voit bien, la posture préférée de ces candidats. Cela ne coûte pas cher quand on est en campagne. Il est navrant de constater combien les problèmes sont au mieux mal compris, au pire mal posés. Sur l’Europe, une fois de plus, on nous parle d’un tas de choses en vrac en oubliant et ce que souhaitent les peuples et ce que permet le carcan strict des traités. Il faut relancer l’Europe ? Oui, mais encore faudrait-il faire le constat clair de ce qui ne marche pas. L’Europe libérale ne plaît pas parce qu’elle n’a pas tenu ses promesses; elle n’a pu protéger les peuples contre le chômage, contre la précarité, contre la crise. Ses institutions aussi ne sont pas comprises ou plutôt mal acceptées. Imposer des traités passe maintenant à chaque fois pour un holdup démocratique. L’inexistence d’une opinion publique véritablement européenne est un problème. Comme d’ailleurs les intérêts des autres dirigeants européens qui ne coïncident pas forcément toujours avec ceux de la France. L’Allemagne a un excédent budgétaire important, de même pour sa balance commerciale. Mais elle est dépendante de la demande de ses partenaires pour les produits industriels allemands. La solidarité doit jouer, et ce n’est pas le cas. L’Allemagne a aussi été longtemps la Chine de l’Europe grâce au vaste marché de travailleurs pauvres de l’est de l’Europe, utilisés en tant que main d’œuvre bon marché. Il est clair que la question d’une union peut-être plus politique se pose, comme celle de la gouvernance de l’euro.

Les débats ne font qu’égratigner la surface des problèmes. On regrette le manque de volontarisme. On regrette encore plus le manque de vision. Ces candidats sont plus des gestionnaires que des dirigeants, et même plutôt de mauvais gestionnaires. Je ne le dis pas par esprit négatif, mais si l’on creuse un petit peu le discours tenu, on arrive sur des incohérences. La société du travail de Valls ? Mais que ne l’a t-il tenté alors qu’il était premier ministre? Et comment peut-on parler de société du travail alors que la fiscalité pèse justement sur le travail… Comment peut-on parler de société du travail quand le droit du travail décourage les entrepreneurs des TPE et des ETI.

Le chef d’entreprise est vu comme un loup à abattre ou une vache à traire. Peu le voient comme le cheval qui tire le char.

Winston Churchill.

Réformer à bon escient le droit du travail est nécessaire, cela ne veut pas dire aller vers le moins disant social au contraire puisqu’une société avec moins de chômage sera plus florissante, et permettra à terme à l’Etat d’être plus riche, de se désendetter et de mieux remplir son devoir essentiel à savoir anticiper et répondre aux besoins des générations futures plutôt que réparer les blessés sur le champ de bataille de la compétition économique. Revenons aux primaires. Je n’ose même pas parler de la mascarade à laquelle on a eu droit sur le thème des relations internationales. Le mensonge a toujours été de mise pour manipuler les opinions publiques. Il est vrai que celle-ci est ignorante sur bien des sujets.

La politique a été pendant des siècles l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde, il est devenu celui de les interroger sur ce qu’ils ignorent.

Paul Valéry

Quand on les entend parler de Trump, la condamnation de l’homme a été unanime, certes la vulgarité et l’irresponsabilité de Trump sont pour le moins évidentes. Mais il ne faut pas non plus rester aveugles devant le grondement sourd d’une partie toujours plus grande de l’opinion dans nos démocraties. Et pourquoi gronde t-elle cette opinion ? Parce qu’elle n’accorde justement plus aucun crédit à tous ces discours dont ces braves politiciens nous rebattent les oreilles à travers ces débats insipides. Trump flatte le sentiment patriotisme américain. L’Europe a du mal à voir où est son intérêt dans tout cela. Prenons l’exemple de la question de la défense. Trump parle de se désengager de l’Otan, ce qui fait peur aux européens. Nos candidats ressortent le vieux serpent de mer de l’armée européenne alors que justement les européens n’en ont jamais voulu. Et pourquoi ? Mais parce qu’il y a l’Otan pardi ! Et gageons qu’ils feront tout pour la conserver. On doute d’ailleurs de l’intérêt d’avoir deux organisations de défense. Ne serait-ce pas là une bonne façon de gaspiller l’argent public ? Par contre il serait probablement judicieux de redéfinir et de bien comprendre quelles sont les menaces qui pèsent sur nous. Si c’est le terrorisme, l’Otan est-il la bonne réponse ? Avec ses chars, ses bombardiers, ses matériels de transport de troupes, ses hommes surentraînés …  Cette idéologie mortifère, qui se diffuse comme un poison, qui se régénère comme une hydre à têtes multiples, ne faut-il pas s’en prémunir plutôt avec des leviers tels que le développement, l’éducation, le travail, les échanges et la coopération réelle entre les nations ? Si c’est la Russie, l’Otan est sûrement une arme utile, mais probablement faut-il revoir la place que l’on veut accorder à la Russie en Europe ? Est-il de notre intérêt de la considérer uniquement comme une ennemie ? Peut-être obtiendra-t- on plus d’elle, sur tous les sujets, aussi avec d’autres armes ? Si c’est la cyberguerre économique, accorder plus de budget à l’éducation, à la recherche dans les domaines de l’électronique et de l’informatique serait judicieux. Il est urgent que les peuples prennent le pouvoir … et se mêlent de ce qui les regarde.

Stéphane Bellocine

Stéphane Bellocine

Ecrivain, philosophe, ingénieur, amoureux des Arts. Innovation & Entreprenariat. #letémoindutemps

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