Stephane Bellocine

Blog d'écrivain

Stephane Campana à Pantin

Monsieur Le Bâtonnier


Stéphane CAMPANA est né à TUNIS le 20 février 1955.

Il est issu d’une famille de grands commis de l’Etat dans l’administration coloniale, à l’exception de son père qui fut un ancien résistant gaulliste et qui s’installa en Tunisie après la guerre  pour exploiter des terres. Revenu avec sa famille en 1961, installée en Auvergne, il fit des études de droit et obtint l’examen du CAPA à Clermont-Ferrand en 1978. Monté à PARIS pour effectuer son stage d’avocat, il s’inscrit au Barreau de Seine Saint Denis où il effectua toute sa carrière professionnelle en développant une clientèle populaire de proximité, ayant un cabinet d’abord à AUBERVILLIERS et aujourd’hui à PANTIN. Il a connu l’évolution de ce département dont il demeure un témoin privilégié, ayant été le bâtonnier du Barreau de la Seine Saint Denis en 2015 et 2016. Son action à la tête de ce Barreau notamment pour obtenir des moyens supplémentaires pour la juridiction de BOBIGNY, première de France après PARIS, a été particulièrement médiatisée, permettant de révéler au grand public le dénuement général de la Justice française.

<Stephane Bellocine> :

La France est indiscutablement un pays très administré, voire suradministré. La Chine a coutume de nous appeler le pays de la Loi ! On légifère pour tout et n’importe quoi, en imaginant que cela résoudra des problèmes souvent mal compris. Et la loi en plus manque souvent, soit d’un bon décret d’application, soit d’efficacité car elle s’ajoute souvent à d’autres sans les annuler ou alors elle se laisse facilement détourner dans son application par des dérogations et passe-droits…c’est tellement typique de la France. Est-ce que l’on ne touche pas là un des nœuds du mal français qui l’empêche de changer et de changer vite alors que c’est bien là la condition du succès dans un monde globalisé?

<Stéphane Campana>

Les racines de ce problème sont à chercher dans l’histoire et la culture. La France est un vieux pays qui a des racines catholiques. Dans la tradition catholique, la loi venait d’en haut  et avait toujours quelque chose de  divin et donc de sacré. Puis à la Révolution Française, les gens pensaient pareillement que la loi émise par le peuple ou ses représentants  avait quelque chose d’indiscutable, et de ce fait, en quelque sorte de sacré. Ce caractère spécial de la Loi en France conforte l’idée que tout peut être réglé par la Loi. Et dès qu’on fait une loi, après des débats souvent violents, on pense avoir réglé les problèmes; c’est acquis. Ceux qui légifèrent y croient aussi, mais soyons lucides, peuvent en user afin de manipuler l’opinion

<SB> : Alors pourquoi toute cette hypocrisie autour des passe-droits ?

<SC> : Trop de loi tue la loi. Quand on maîtrise peu le contexte réglementaire, il y a une accumulation de textes avec plein d’interprétations divergentes. Ce ne sont pas des passe-droits mais une utilisation de textes contre d’autres textes car on ne nettoie pas mais on accumule. C’est le sport favori du pays des droits et celui des avocats.

<SB>  Vous venez de passer deux années à la tête du Barreau de Seine-St-Denis en tant que Bâtonnier. La Seine-St-Denis a mauvaise réputation, c’est le département qui connaît la plus forte délinquance, et je crois le plus fort taux de pauvreté en France métropolitaine. Y a-t-il des aspects positifs ?

<SC>  Je ne cesse d’essayer de faire comprendre que derrière les clichés, il y a une autre réalité. Vous trouverez  des communes pauvres comme AUBERVILLIERS ou CLICHY SOUS BOIS qui connaissent une grande paupérisation et d’autres riches, très pavillonnaires ou même assez cossues comme LE RAINCY construite sur le lotissement d’un ancien château princier. St-Denis, ville chargée d’Histoir,e vit une sorte de schizophrénie, coincée entre la Plaine-St-Denis où arrive  l’installation extraordinaire d’entreprises de renom, porteuses de richesse, et le cœur de ville pauvre avec ses cités qui l’entourent. Le phénomène est aggravé par la politique d’une municipalité qui profite du développement du grand PARIS et de l’arrivée des entreprises mais craint l’arrivée de classes moyennes et d’une boboïsation qui lui ferait perdre le pouvoir. La municipalité pratique un jeu subtil de droit de préemption immobilier et d’alliance politique avec des populations d’origine étrangère communautarisées, nouveau prolétariat censé dissuader le parisien de s’installer. Il y a une diversité de population par l’effet du Grand Paris. A Montreuil et Pantin, la gentrification est à l’œuvre. Les projets immobiliers de qualité se développent. Mais ce qui est remarquable, c’est l’extraordinaire énergie de ce département. Savez-vous aussi que plus de la moitié de la population du département est d’origine étrangère.  Ces immigrés, ou enfants d’immigrés arrivés avec leur culture pour chercher une vie meilleure, créent, dans un étonnant melting pot un pays, un peu à l’image de ce qui a existé aux USA. Cela surprend ou choque dans un ancienne nation comme la France. La proximité de l’aéroport de ROISSY qui porte sur le monde explique un peu tout ceci. Et malgré les difficultés et la délinquance dénoncée par les médias, ce qui est étonnant, c’est justement que ce chaudron n’explose pas plus; c’est une preuve que ça marche malgré tout.

<SB> : Vous faites allusion à St-Denis et à la Plaine St-Denis, à des entreprises comme Orange ou La SNCF qui s’installent. En même temps, la mairie craint la boboïsation de la ville. Mais l’objectif était bien d’amener une population de cadres à s’installer non ?

<SC> La Mairie dénonce le sous développement dont elle profite électoralement et empêche l’installation de classes moyennes . Le Maire PCF suit une politique de maîtrise de l’urbanisme en utilisant son droits de préemption et en bâtissant des logements sociaux à tout va. Le but est électoraliste. Il existe clairement une alliance avec les populations issues de l’immigration notamment la communauté musulmane, ce qui est paradoxal. Cela a pour conséquence un basculement dans la paupérisation, une radicalisation rampante…. Et  par conséquent les cadres qui travaillent à La Plaine St Denis n’ont pas envie de venir vivre à St Denis. Mais ailleurs, comme à PANTIN par exemple, se sont implantées de nombreuses  sociétés de services, il existe un développement remarquable quoique maîtrisé par une habile politique municipale et les classes moyennes se sont installées. En général, là où il y a eu un développement, le PC a perdu la main.

<SB> : le PC travaille contre l’intérêt de la France ?

<SC> :Je ne me permettrai pas de dire cela mais sous prétexte ou en tous cas dans le but de protéger les plus démunis,il oeuvre à terme  contre l’intérêt de la commune. Toute politique de cette nature entraînerait le même résultat, ce n’est pas tant le PC qu’il faut dénoncer mais la méthode pavée de bons sentiments et matinée d’arrières pensées électoralistes.

<SB> : Mais je croyais que l’idéologie du PC était contraire à l’émergence de ghettos

<SC> : Déjà le PC  lutte contre sa  propre disparition. S’il perd ses derniers fiefs,  il perdra l’influence et les moyens financiers qui le maintiennent encore à flot.

<SB> : Ne peut-on pas dénoncer ces pratiques en justice. ?

<SC>  Mais c’est fait en toute légalité . C’est politique.

<SB> Comment donner leur chance aux jeunes des quartiers qui font des efforts pour se former, chercher du travail et échapper au trafic de drogue ? Et faire en sorte qu’ils rencontrent l’offre de travail proposée par les entreprises…

<SC> : L’argent de la drogue, c’est énorme et ça naît  de la misère. Cet argent noir irrigue le département sinon ce serait peut-être pire. Le gamin avant d’être dealer fait le guet en bas de l’immeuble, cela lui permet de remplir le frigo de la famille. Ses parents n’ont du coup plus d’autorité. La facilité du gain dissuade de faire des études.Cela entraîne un délitement général des valeurs et fait le lit de tous les extrémismes. Le combat contre le chômage  est le moyen prioritaire de lutte contre ce cancer. Il faut valoriser les jeunes qui ont fait l’effort de faire des formations et qui peuvent servir d’exemple, ce qui arriverait s’ils trouvaient du travail ensuite, ce qui n’est souvent pas  le cas.

SB> : Ben cela n’irrigue pas vraiment l’économie comme vous le dites, c’est de l’économie noire. Ils achètent des Ferrari mais rien qui vienne dans  l’économie locale.

<SC> : Si, indirectement c’est plus ou moins toute la société  qui en bénéficie. L’argent est dépensé pour vivre et  va dans les poches de commerçants, d’intermédiaires, et il finit blanchi de toutes les manières, nourrissant l’économie.  C’est immoral, mai le constat est là. Il faut du volontarisme politique pour en sortir. Les entreprises qui viennent amènent pour l’instant leurs salariés. Il faut du temps pour que ceux-ci s’installent en voyant qu’il y a des prix corrects pour de beaux logements . Il faut du temps pour que la population locale soit formée et embauchée. Les contrats  en général passés par les Mairies avec les entreprises exigent justement que celles-ci utilisent de la main d’œuvre locale; ça reste hélas encore minoritaire. Mais déjà on observe dans certaines communes,  de Pantin à Montreuil,  que de nouveaux commerces se sont ouverts, de belles résidences ont été construites, ce qui prouve que la clientèle  est là, c’est la preuve que la classe moyenne est en train d’arriver.

<SB> Vous avez été un Bâtonnier médiatisé au moment où, à contre-courant de tous les usages de la profession, vous avez menacé d’assigner l’Etat en défaut en dénonçant le manque d’investissement  et de moyens versés à la Justice. Pouvez-vous nous décrire cette situation

<SC>  La Justice a très peu de moyens. Mais il faut aussi reconnaître qu’on a la Justice qu’on mérite. La République Française n’a jamais voulu donner de moyens suffisants au 3e pouvoir. Peut-être que les membres de l’Exécutif ou du Législatif ne sont pas trop pressés de voir une Justice trop puissante;  au regard des scandales qui défraient la chronique, il semble qu’ils aimeraient mieux que la Justice ne se mêle pas de leurs affaires..et ils  s’indignent qu’elle fasse son travail quand cela les concerne. La justice, en France, est au 25e r ang en Europe , en termes de budget rapporté au budget de l’Etat. C’est au niveau de l’Albanie je crois. Donc la justice est embouteillée ! Quand il faut des années de procédure pour quoique ce soit, dans les affaires civiles ou pénales, on peut considérer qu’il n’y a plus de justice. On peut imaginer qu’il peut être tentant à terme de se faire justice soi-même faute de réponse de la Justice. Dans cette cocotte-minute qu’est devenu le département 93, tout déclinait en terme de service public de la Justice. Au Tribunal de Grande Instance de Bobigny, les salles d’audience fermaient, les dossiers étaient classés verticalement, faute de moyens malgré le travail et les efforts acharnés de magistrats ou d’employés du greffe dévoués, sans parler de l’effort des avocats de ce Barreau, et cela dans  ce département qui justement nécessitait de concentrer le plus d’efforts de l’Etat. J’ai donc j’ai réagi pour arrêter cette inexorable et inadmissible dégradation, c’était mon devoir, mais j’avais derrière moi toute une juridiction et j’ai obtenu le soutien des élus du département de tous bords.

<SB> : L’Etat vous a-t-il entendu ?

<SC> : Oui. Ce n’est pas parce que la cause est légitime qu’elle est entendue. Elle l’est si elle est médiatisée. L’Etat craint la mauvaise publicité voilà tout ! En ce qui concerne la grande misère de la Justice,  les français ignoraient cette situation puisqu’ils n’ont pas souvent affaire à la justice. J’ai obtenu par une campagne de médiatisation,  le redimensionnement de ma juridiction, de nouveaux moyens et notamment 30 magistrats d’un coup à la rentrée de septembre,et j’ai vu  la réouverture de salles d’audience. Les délais se sont déjà réduits de manière considérable.

<SB> : Et dans les autres juridictions ?

<SC> Leur situation n’est pas uniforme. Certaines fonctionnent à peu près bien, mais beaucoup comme Créteil en province ou comme Nantes  arrivent au niveau où on était à Bobigny il y a peu.

<SB> : Le financement de la Justice doit-il vraiment dépendre de l’Etat ?

<SC> Il faudrait mener une réflexion audacieuse. Ne devrait-on pas revenir à un greffe privatisé comme ce fut le cas dans les années 60 et comme c’est le cas au tribunal de commerce où chaque justiciable paye quelques dizaines d’euros pour accéder à la Justice et où vous avez  un greffe performant dont l’efficacité n’est n’est plus à démontrer, qui ne coûte rien à l’Etat et même lui rapporte en définitive. Il n’y aurait là rien de choquant si bien entendu on exonérait les personnes bénéficiaires de l’aide juridictionnelle. Un droit de timbre pourrait aussi par exemple servir à collecter des fonds pour alimenter le budget de l’accès au droit.Il existait, il faudrait le rétablir.

<SB> Mais nous vivons dans le pays le plus marxisant du monde après la Corée du Nord. On dira que c’est une justice à deux vitesses.

<SC> : Vous exagérez! Non, les personnes aux moyens les plus  modestes  bénéficieront toujours de l’aide juridictionnelle et leurs avocats seraient rémunérés correctement à l’inverse de la situation actuelle qui est proprement scandaleuse, puisque le système en place les fait travailler à perte pour la moitié du montant de leur coût horaire de fonctionnement.

<SB> : Alors pourquoi on ne le fait pas ?

<SC> Car on pense que c’est un droit régalien de l’Etat. Un timbre à 30 euros avait été fixé pour chaque affaire et ça a été abrogé par Mme Taubira car la justice devait être gratuite, ce qui dans le principe est beau, mais cela a créé un manque à gagner considérable pour l’Etat alors que cela servait même à alimenter le budget de l’aide juridictionnelle.

<SB> : C’est donc une posture purement idéologique! L’efficacité, on s’assoit dessus finalement. C’est bien la France .

<SC> :  Oui . Mais la profession d’avocats elle-même n’était pas  favorable à ce timbre et le regrette aujourd’hui; rien n’est simple en France..

<SB> La justice est de plus en plus déconnectée de la réalité des citoyens, ou du moins eux le perçoivent comme tel. C’est gravissime dans une démocratie. Comment réagissez-vous quand l’opinion s’indigne de la condamnation lourde de Jacqueline Sauvage, de la condamnation a contrario très légère de la mère de la petite Fiona morte assassinée dans des conditions atroces, ou de la non condamnation de Christine Lagarde ?

<SC>  S’il fallait laisser les réseaux sociaux juger sans avoir connaissance des dossiers, sur de simples émotions, on aurait une justice de lynchage. On ne rend pas la justice par rapport à l’opinion. Mme Lagarde a peut-être été un peu crédule du fait de sa culture anglo-saxonne qui a l’habitude des arbitrages. Je ne connais pas le dossier, mais elle a été en tous cas un peu naïve en n’imaginant pas que les arbitres seraient poreux aux influences,du moins  je le suppose.

<SB> Le Président Hollande a qualifié les magistrats de lâches, dans leur ensemble. Qu’en pensez-vous ?

<SC> Dit comme cela, c’est une injure. Les magistrats sont parfois frileux, mais on a une magistrature de qualité.

<SB> Est-il normal que la Justice s’interdise d’instruire des dossiers concernant des hommes politiques en période électorale ? N’est-ce pas là le signe d’une démocratie immature ? Si la personne en question s’avère coupable, cela ne sera jugé qu’après son éventuelle élection et après sa mandature, alors que sa culpabilité même aurait dû la disqualifier !

<SC> Ce n’est pas exact. La preuve, avec l’affaire Fillon. Il y a bien des enquêtes. Le dossier est ouvert ! Le parquet financier ne s’est pas dérobé.

<SB> Mais dans le cas des dossiers de Nicolas Sarkozy, en tant que candidat à l’élection 2017….il avait des casseroles. Et la justice avait bien l’intention d’arrêter l’instruction dès que la campagne aurait démarré

<SC> : Non, il y avait des poursuites aussi. Sarkozy se vantait même de n’avoir justement jamais été condamné malgré l’instruction en cours; une fois que le Président est élu,  là oui, plus rien n’est possible pendant son mandat, et ça c’est choquant oui.

<SB> Vous avez été un bâtonnier atypique et peu conformiste en créant un événement artistique au début de votre mandat, un vernissage dans les locaux de la maison des Avocats pour valoriser les artistes du département. Quel bilan tirez-vous de votre expérience ? Etes-vous satisfait ? Que regrettez-vous ?

<SC> : Aucun Bâtonnier  ne l’avait fait auparavant. Mon intention était de valoriser les jeunes des cités que nous pouvons croiser dans notre exercice professionnel et dont personne  ne parle jamais autrement qu’en en mal. J’aurais pu faire mieux dans la communication mais ce n’est pas mon métier. C’était sympathique et les jeunes artistes des cités m’ en ont été très reconnaissants.

Le Témoin du Temps vous interroge….

  1. Dans votre relation à autrui, vous êtes plutôt du genre :
    1. méfiant, avec des barrières que vous placez d’emblée pour servir de frontières
    2. ouvert, vous livrant facilement

Ouvert

  1. Qu’est-ce qui vous révolte ?

La malhonnêtete intellectuelle

  1. Comment caractériseriez-vous notre société postmoderne en un seul mot ?

Destructurée

  1. Quand avez-vous pleuré pour la dernière fois ?

Il y a 30ans à la mort de mon père

  1. Enfant, qu’est-ce qui vous faisait rêver ?

L’Histoire

  1. Quel genre d’internaute êtes-vous ?
    1. plutôt frénétique voire drogué
    2. occasionnel et critique
    3. carrément méfiant

entre 1 et 2

  1. Qu’est-ce qui vous ferait le plus de peine ?
    1. la séparation d’avec votre partenaire de vie
    2. la trahison d’un véritable ami
    3. le déclassement social

La trahison d’un véritable ami

  1. Qu’est-ce qui vous fait peur ?

La dégénerescence du grand âge

  1. Si vous pouviez remonter le Temps, où vous arrêteriez-vous ?

A la Revolution ou dans la Rome antique

  1. Si j’avais le pouvoir de distendre le Temps, afin de vous faire vivre éternellement un moment de bonheur, que me demanderiez-vous ?

Le bonheur éternel ne serait pas le bonheur qui est un état par comparaison à un autre , ce ne serait donc pas le bonheur. Donc je ne demanderais rien si ce n’est de l’harmonie avec moi-même et le monde qui m’entoure

 

Stéphane Bellocine

Stéphane Bellocine

Ecrivain, philosophe, ingénieur, amoureux des Arts. Innovation & Entreprenariat. #letémoindutemps

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